Hommage à Louise Michel
Il y a cent ans, mourait Louise Michel.
En cette année 2005, où nous commémorons le centenaire de la naissance du Parti Socialiste et de la loi de 1905 marquant la séparation de l’Eglise et de l’Etat, je veux rendre hommage à celle qui, républicaine convaincue, a mené tout au long de sa vie un combat pour la liberté, l’égalité et la laïcité.
Louise Michel, la fille du peuple, l’institutrice, la communarde, la révolutionnaire, aura contribué à faire avancer des causes justes, universelles et progressistes.
Institutrice, elle veut l’école laïque gratuite et obligatoire pour tous.
« L’art pour tous, la science pour tous, le pain pour tous !
l’ignorance n’a-t-elle pas fait assez de mal ? »
Ardemment républicaine, elle préférait apprendre la Marseillaise à ses élèves plutôt que le « Domine Salvum Napoleonem » chanté à l’église.
Féministe, elle revendique le droit à une instruction égale pour les filles et les garçons et s’insurge contre les vieux clichés réactionnaires. « Si l’égalité entre les sexes était reconnue, ce serait une fameuse brèche dans la bêtise humaine. Viendra le jour où l’homme et la femme traverseront la vie, la main dans la main, en bons compagnons, ne songeant pas plus à se disputer la suprématie que les peuples ne se diront chacun le premier peuple du monde. »
Montée à Paris pour combattre l’Empire, elle ne se contente pas de la République tiède et capitularde proclamée après le défaite de Sedan. Attentive aux «grondements d’en bas », elle rêve d’une république sociale et égalitaire et se jette dans la révolution pour faire aboutir le vaste programme du gouvernement populaire de la Commune : aucun travail de nuit pour les enfants, du travail pour tous, un salaire égal pour les hommes et pour les femmes, des logements pour les pauvres, la suppression de la peine de mort, la séparation de l’église et de l’Etat, l’école gratuite pour tous les enfants, des cantines, des orphelinats laïques, des maisons pour handicapés.
Arrêtée parce qu’elle déclare le socialisme indispensable et parce que la révolution sociale est le plus cher de ses vœux, elle est déportée en Nouvelle-Calédonie où elle a pu exprimer la dimension internationaliste de sa lutte. Profondément humaniste et anti-raciste, elle enseignait aux Canaques pour lesquels elle avait ouvert une école, l’écriture de leur langue qu’elle avait apprise, les sciences. Pour elle, ils avaient droit à l’humanité, à la justice et à l’émancipation, tout ce que leur refusait l'administration coloniale d’alors. "Qui est l’être supérieur, interrogeait-elle, celui qui s’assimile à travers mille difficultés des connaissances étrangères à sa race, ou celui qui, bien armé, anéantit ceux qui ne le sont pas? Qu'on en finisse avec la supériorité qui ne se manifeste que dans la destruction ! "
Amnistiée, elle est acclamée à son retour en France par des foules reconnaissantes qui réveillent en elle la blessure de la Commune, le dernier espoir, … Jusqu’à sa mort, elle mènera un combat inépuisable contre l’aliénation des couches populaires et la détresse humaine et n'aura de cesse de se faire la porte-parole du peuple opprimé par le second Empire.
« Il faut autre chose que la charité pour que chacun ait du pain » . Cette phrase de Louise Michel s’inscrit plus que jamais dans notre combat pour le progrès de l’humanité.
Elle voulait « étendre le sentiment de la patrie au monde entier, le bien-être, la science , à toute l’humanité. »
Ecrivaine, elle laisse une œuvre considérable d’une vingtaine d’ouvrages : poèmes, mémoires, opéras, romans, essais, théâtre, contes pour enfants,...
Utopiste et visionnaire, mais tellement réaliste, elle nous rappelle que le combat continue pour toutes ces belles causes déjà revendiquées par la Commune, réaffirmées en 1905 par Jean Jaurès, en 1936 par le front populaire avec Léon Blum et, à travers l'héritage du 10 mai 1981 avec François Mitterrand, par le parti socialiste et la gauche jusqu’en 2002.
Face à tant de droits et d'acquis sociaux remis en cause par cette politique libérale que nous combattons aujourd'hui parce qu'elle favorise les plus riches et qu'elle appauvrit les plus faibles, nous devons continuer infatigablement notre lutte pour une société de justice sociale, d'égalité des chances, de progrès et de solidarité.
Louise Michel aura enrichi la pensée socialiste, comme tous ces grands révolutionnaires socialistes utopistes et anarchistes et nous aura transmis la culture de la révolution sociale permanente.
Après l’hommage rendu à cette femme au destin extraordinaire, le 8 mars à Epinal, par la commission fédérale femmes, une exposition sur Louise Michel sera présentée du 1er au 10 avril à la MJC Louise Michel de Saint-Dié-des-Vosges.

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