Monday, March 21, 2005

Rendre espoir aux générations futures


Marie France Glaudel, deuxième en partant de la droite, Première Secrétaire Fédérale de 1980 à 1983. Convention Nationale sur la Jeunesse le 31 mai 1980







« Un parti sans jeunesse est un parti sans avenir. » Ainsi s’ouvrait la Convention sur la Jeunesse, le 30 mai 1980, juste un an avant que François Mitterrand ne rende le pouvoir au peuple de gauche, le 10 mai 1981.

Ce formidable moment de notre histoire, la liesse populaire qui s’en est suivie, le bonheur et l’espoir qu’il a suscités, chez les jeunes et chez les moins jeunes, ne s’effaceront jamais de notre mémoire. La révolution sociale , la volonté politique de changer la vie allaient se mettre en marche.

Avec l’abolition de la peine de mort, des tribunaux militaires d’exception, la reconnaissance de l’objection de conscience, des droits des femmes vers plus d’égalité, la dépénalisation de l’homosexualité, les lois contre les violences sexistes, la loi sur la parité, la loi sur la présomption d’innocence, la société aura franchi un grand pas vers la modernité.

N’ayons pas la mémoire courte non plus sur toutes ces belles mesures sociales mises en place par la gauche dès 1981 : la hausse du SMIG, l’augmentation des allocations familiales, les bourses d’études supérieures aux jeunes de l’immigration qui n’avaient pas la nationalité française, l'accès massif à l'enseignement secondaire et supérieur, la 5ème semaine de congés payés, la retraite à 60 ans, le minimum vieillesse, la loi Quillot sur le logement, l'impôt sur la fortune, les lois Auroux, les 39 heures qui allaient ouvrir la voie aux 35 heures, sans oublier des mesures plus récentes comme le RMI, les emplois jeunes, la CMU,... Les couches populaires étaient enfin reconnues.

Et puis est arrivé le temps du désenchantement parce que la hausse du pouvoir d’achat n’avait pas eu tous les effets escomptés sur la croissance, à cause déjà de ce qu’il est convenu d’appeler la globalisation, ses répercussions sur la consommation française, et son cortège de délocalisations qui ont provoqué la crise du textile et aussi la crise de la sidérurgie, sans oublier de noter que le monde économique et de la finance a refusé de jouer le jeu. La mondialisation avait déjà pris le pas sur notre volonté de développement, d’universalisme, de construction européenne.

Et maintenant que reste -t-il des conquêtes de la classe ouvrière, des avancées voulues par la gauche au pouvoir ? Tous les acquis sociaux du front populaire, le droit du travail et le droit de grève, les acquis de 45 avec la protection sociale et ceux que la gauche a mis en place depuis 81, les retraites et les pensions, les emplois jeunes et la réduction du temps de travail sont remis en cause. La fonction publique est discréditée, les collectivités territoriales sont saignées à blanc par la logique ultra libérale et conservatrice de ces gouvernants de la droite et leurs lois scélérates, iniques, dures aux faibles, favorables aux riches.

Que reste-t-il de nos ambitions ?

Allons-nous laisser faire en susurrant d’une voix douce que l’on peut faire mieux, mais que nous ne promettrons que ce que nous pourrons tenir dans le cadre de l’européo-compatible, d’une constitution, qui dans son contenu même sonne le glas du progrès social ?

Ou bien alors, allons- nous dire que nous voulons à nouveau porter un grand dessein pour la France dont le destin ne peut s’accomplir que dans une Europe démocratique, sociale, laïque, pacifique, indépendante, puissante et solidaire ?

Quel avenir pour les jeunes générations pourrait-il, en effet, se réaliser dans une Europe diluée dans un atlantisme hyper-libéral, coupée des réalités humaines, des couches populaires ?

L e programme Erasmus est formidable, mais il ne s’applique qu’ à une élite, ceux qui ont les facilités sociales et intellectuelles de la réussite, mais ces millions d’autres, qu’en faisons-nous ? Des précaires, des vacataires, des privés d’espoir, sinon d’emplois, de qualification, des gens sans projet d’avenir, soumis à la seule loi du marché, à la concurrence libre et non faussée, à l’avidité des actionnaires et des grands financiers internationaux.

Disons stop à la dérive libérale de l’Europe, aux élargissements non financés, aux délocalisations encouragées, au moins disant social et à l’alignement sur l’OTAN.

Opposons nous fermement à la droite et au gouvernement Raffarin et à sa logique ultra-libérale qui accentue la cassure entre la France du plus petit nombre, celle qui a un avenir assuré, qui est dynamique et qui espère en l’avenir et l’autre, celle des exclus, des ouvriers, des employés, des couches moyennes, dont beaucoup sont aujourd’hui privés d’espoir.

La gauche doit être rassemblée, comme le voulait jadis François Mitterrand, et un message fort doit être porté à tous ceux qui nous attendent, ces millions de salariés, d’employés, de cadres, de chômeurs, d’agriculteurs, de fonctionnaires, d’artisans, de commerçants, de chercheurs, de créateurs, de jeunes et de moins jeunes des couches populaires et des classes moyennes qui espèrent en nous, en notre volonté politique de proposer une perspective, un dessein à notre pays, de porter une espérance sans décevoir.

Allons-nous être capables de redonner une espérance dans la notion de progrès, qui est à la base même de notre identité et de notre combat ? C’est là que se situe le véritable enjeu et le principal défi du projet socialiste et progressiste que nous allons porter : remédier aux inégalités, rétablir une protection sociale et des retraites par le système de la répartition, rétablir la notion de partage, redonner de l’emploi, du pouvoir d’achat, sécuriser les parcours professionnels, démocratiser l’éducation, se mobiliser pour le logement, porter une nouvelle ambition pour les services publics, tout ce qui nous permettra de redonner vie à la démocratie et à la citoyenneté.

Mais ce que nous allons faire en France est inséparable de la réalité européenne. En effet, nous devons nous poser la question centrale pour la France des années 2000 : comment faire en sorte que les conquêtes collectivement remportées puissent se diffuser à d’autres, aux pays de l’Europe de l’Est ou à d’autres régions du monde, sans que ce processus menacent nos propres acquis ?

"Pour faire jaillir une masse d’emplois en France, nous devons nous doter, comme le propose Laurent Fabius, au sein de l’Union européenne, d’une politique industrielle, économique et scientifique commune. Cette exigence imposera une réorientation des choix européens en matière de politique monétaire, de concurrence, de recherche et d’investissement, ainsi qu’une harmonisation sociale par le haut. Dans son projet, le Parti socialiste devra formuler des propositions audacieuses en matière européenne puisque dans la Constitution, celles-ci ne figurent pas. "

Et puis, il ne suffit pas d’amender la directive Bolkestein, ou la mettre momentanément dans un placard, il faut être vigilant, dire clairement qu’on la refuse, car dans une Union à bientôt 27, voire 30, dont on connaît l’hétérogénéité, elle favorise le dumping social, aggrave l’insécurité sociale, réduit le droit du travail et la sécurité des consommateurs et casse ce qui nous reste de nos services publics.

Un projet socialiste et progressiste un grand dessein pour la France est indissociable d’une grande ambition pour l’Europe si nous voulons agir pour l’égalité des chances, contre les discriminations, pour l’égalité de traitement des citoyens grâce à des services publics préservés et renforcés, pour une société éducative, pour la formation, la recherche, l’innovation, l’emploi, pour le progrès par la solidarité entre les générations, les couches sociales et les territoires.

Pouvons- nous admettre plus longtemps que la fracture entre deux France puisse conduire l’une d’entre elles à décrocher sur tous les plans, au point de conduire, notamment beaucoup de jeunes à penser que l’avenir ne peut plus offrir de progrès ? Nous devons refuser cette destruction de milliers de destins.

Les jeunes l’ont bien compris et ils ont raison de demander le retrait de la loi Fillon qui supprime cette préparation aux études supérieures que sont les T.P.E. et qui créent des disparités entre établissements en mettant en place un bac inégalitaire. Tout comme leurs parents, les jeunes refusent le manque de perspective lié au chômage, aux problèmes de logement, au pouvoir d’achat. Ils refusent la désespérance de l’ascenseur social bloqué. En effet, pour les 150 000 jeunes qui sortent du système scolaire sans qualification, pour ces 15% d'enfants en grande difficultés, souvent issus des milieux défavorisés, la réponse n'est pas dans le socle de connaissance strictement réducteur à une conception purement utilitaire de la place de chacun dans la société, ni dans les méthodes parcellaires de la loi Fillon, mais dans un projet qui place l'éducation au coeur d'un projet de société. La société éducative devra prendre en compte les difficultés sociales, familiales, sociales et culturelles dès l'école primaire, favorisant ainsi l'égalité des chances et l'émancipation sociale. Le collège unique doit devenir le collège pour tous, accompagner les nécessaires mesures de rattrapage, une réelle éducation à l'orientation et la préparation nécessaire pour accéder à la formation tout au long de la vie, en continuité avec le lycée d'enseignement général, professionnel ou technologique. L'échec scolaire n'est pas une fatalité, il doit être combattu en rassemblant tous les acteurs pour réussir la démocratisation de l'école, car seule l'égalité devant la maîtrise des savoirs permettra de construire la société de la connaissance partagée dont la France a besoin por assurer son développement économique et une vraie cohésion sociale.

Un pays qui n’a pas d’ambition pour sa jeunesse est un pays sans avenir.

A l’heure des grands choix, soyons au rendez-vous, comme dans les années 80, de l’espoir à gauche, du rassemblement à gauche, soyons résolument à gauche et donnons des signes d’espoir forts aux générations futures.