assurer le rassemblement des socialistes
Communiqué de Laurent Fabius
Les militantes et les militants du Parti Socialiste ont voté massivement et c’est d’abord à eux que je pense. Par leur participation au scrutin, par leur contribution au débat qui s’est déroulé ces dernières semaines, par leur adhésion au projet socialiste début juin, ils ont donné un exemple de démocratie. L’ensemble des Français en ont été témoins et en seront juges. De cela, nous pouvons collectivement être fiers.
Les militants ont tranché. Je salue Ségolène Royal et je la félicite pour son succès. Les militants lui ont donné tous les moyens pour l’emporter en 2007. Je lui souhaite bonne chance pour le grand combat contre la droite et l’extrême droite. Il lui revient désormais d’assurer le rassemblement de tous les socialistes. J’y suis évidemment prêt.
Je salue également Dominique Strauss-Kahn que mes vœux de sympathie et d’amitié accompagnent ce matin, face au deuil personnel qui l’a frappé.
Je remercie les 33 000 militantes et militants qui, en métropole et outre-mer, m’ont apporté leurs suffrages. Au-delà de leur vote, je les remercie pour leur mobilisation au service des idées et des propositions que nous avons portées ensemble, pour l’emploi et les salaires, pour la laïcité et les services publics, pour la réorientation sociale, économique, environnementale et démocratique de l’Europe. Qu’ils n’en doutent pas : ces combats sont justes. Ils devront être au cœur de la campagne présidentielle et du prochain quinquennat. Ils seront le ciment de l’indispensable rassemblement de la gauche.
Pour ma part, je continuerai d’agir en ce sens, car je reste convaincu que c’est la seule orientation politique capable de faire gagner durablement la gauche, les Français et la France.
17 novembre 2006
Clairement à gauche et résolument moderne
Je fais le choix de Laurent Fabius parce qu’il est clairement à gauche et résolument moderne : il saura rassembler les forces de gauche en 2007
Laurent Fabius est le candidat le plus clairement à gauche.
Il apporte des réponses concrètes aux aspirations des Français et à l’urgence sociale en faisant des propositions précises pour le pouvoir d’achat, le logement, l’éducation.
Il propose des mesures volontaristes pour l’emploi, la recherche, l’innovation et la formation.
Il est le plus en phase avec le mouvement social et le suffrage populaire car il a compris que le vrai changement passe par une résistance au libéralisme, au capitalisme financier et au système féodal des fonds de pension.
Laurent Fabius est résolument moderne.
Il est celui qui incarne la gauche du 21ème siècle, une gauche décomplexée et moderne, porteuse d’avenir.
Il veut relever les nouveaux défis en proposant des solutions nouvelles :
La sociale-écologie pour arrêter l’auto-destruction de la planète, par la taxation des pollueurs payeurs et des mesures décisives en matière énergétique
La construction d’une Europe plus sociale et plus protectrice, contre les effets dévastateurs de l’hyper-concurrence et du profit
L’émergence d’une Europe puissance indépendante, capable de ramener la paix et l’équilibre dans les régions du Monde minées par l’unitaléralisme américain.
Une France forte et solidaire pour relever les défis de la pauvreté, de l’exclusion et de l’allongement de la durée de la vie
J’entends dire que les militants socialistes doivent voter utile dès le premier tour, et qu’ils n’auraient au fond qu’une simple formalité à exercer, puisque les résultats sont déjà connus d’avance.
J’entends même dire que le Président de la République dans le cadre d’une nouvelle République n’aura qu’un rôle minime à jouer, donc pourquoi s’inquiéter ?
C’est grave, car des décisions aussi importantes que l’augmentation du SMIC, la refondation du système scolaire de la maternelle à l’université, la défense de l’école publique et laïque, la reprise en main de l’Etat sur un grand pôle de l’énergie à 100% public, le défi écologique, les mesures pour le logement, pour l’emploi, la volonté politique de résister aux dérives libérales et de s’opposer au tout marché, de mettre en place des instruments de régulation au niveau européen, la relance de la construction européenne, toutes ces questions relèvent avant tout de la volonté politique du chef de l’Etat élu au suffrage universel et les décisions importantes ne se prendront pas autour d’une table entre partenaires sociaux et MEDEF, ni au sein d’un jury citoyen, ni au sein des Régions, pas plus qu’elles ne se règleront pas par le contrat. Non ! Le contrat ne remplacera jamais la loi et la Région ne remplacera pas l’Etat.
Les décisions politiques importantes seront impulsées par le Président de la République élu au suffrage universel pour mener une politique en phase avec las aspirations des citoyens, une politique relayée par un Premier ministre responsable devant le parlement et par les parlementaires qui proposeront des lois à partir des propositions du projet socialiste adopté par les militants, enrichies et approfondies de manière à être encore plus en phase avec les demandes de ceux de leurs concitoyens qui sont les premières victimes de la politique chiraco-sarkozienne.
La république parlementaire nouvelle nous l’appelons tous de nos vœux. Quant à la démocratie participative, ce n’est pas une idée nouvelle puisque nombre d’élus PS la pratiquent déjà, et ce n’est certainement pas un vaste fourre-tout où chacun trouvera son compte. On ne peut substituer la satisfaction des intérêts égoïstes et individuels à l’intérêt général. Donc ni surveillance des élus à travers des jurys populaires, ni régime présidentiel, mais renforcement des pouvoirs du parlement et redéfinition du rôle et de la mission des députés qui représentent le peuple. Le parlement doit aussi se doter des outils nécessaires pour veiller à l’application des lois et à évaluer leur efficacité.
En cela la réforme de l’Etat devra aussi redéfinir le rôle et la fonction des hauts fonctionnaires car les « citoyens experts » ne remplaceront jamais les énarques, les chercheurs et les experts. Il faut plutôt s’attaquer au problème de leur recrutement et ouvrir cette formation aux catégories populaires. Redonner le pouvoir aux citoyens c’est aussi leur donner leur place dans les grandes écoles en installant des classes préparatoires à l’intérieur de l’université. Recruter pour les grandes écoles à l’université, là où vont les enfants du peuple.
Chacun sait aussi que plus d’autonomie pour les chefs d’établissement, le dynamitage ou la régionalisation des universités, c’est la privatisation annoncée, c’est la fin des diplômes nationaux et je ne veux pas parler du statut des enseignants…Puisqu’il flotte une vague idée dans l’air du temps selon laquelle, pour être bien vu, il faudrait s’attaquer au corps enseignant !
La question de la désignation de notre candidat ou candidate doit sortir du cadre des sondages et des médias, la vraie question ne s’arrête pas au choix du 16 novembre, la vraie question, c’est qui sera le mieux placé pour l’emporter contre le droite en 2007 ?
C’est celui qui fera l’unité des socialistes autour du projet socialiste …
L’unité des socialistes autour de leurs valeurs
Celui qui portera la voix du socialisme assez fort pour que les recalés, les exclus, les précaires, les travailleurs pauvres se reconnaissent et redeviennent des citoyens à part entière.
C’est celui qui réussira à faire du Parti socialiste le talisman de l’unité autour duquel se rassembleront la gauche et les humanistes de progrès parce qu’ils auront compris que l’avenir passe par la réconciliation des deux France, de ceux qui souffrent et ceux qui réussissent !
C’est Laurent Fabius !
Il faudra rassembler le plus de voix à gauche dès le premier tour des présidentielles en 2007 en donnant envie aux électeurs de voter utile, et ensuite faire plus de 50% au deuxième tour. Je voudrais mettre en garde contre l’idée que pour gagner il faudrait plutôt chercher des voix à partir d’un nouveau discours sécuritaire et flatteur des individualismes, des égoïsmes et des bas instincts, mais ces voix gagnées ne remplaceront jamais toutes celles perdues à gauche.
OUI ! Laurent Fabius se place en éclaireur de l’unité des socialistes et du rassemblement de la gauche de l’an 2000, face à des choix décisifs pour la France, l’Europe et le Monde.
Courageux par sa volonté politique face aux grands défis de la France et du Monde du 21ème siècle, réaliste par sa profonde connaissance du monde économique et juste par sa vision éclairée des questions internationales, il est celui qui saura rendre à notre pays les couleurs de la République, son modèle social et son rayonnement universel.
Marie-France Glaudel
Membre de la commission nationale de contrôle financier
Secrétaire fédérale
Secrétaire de section
Candidate aux législatives de 2007 dans la première circonscription des Vosges
Avec Laurent FABIUS refusons le fatalisme : un autre avenir est possible
"Un autre avenir est possible.Contre la société précaire, construisons une France forte et solidaire."
pour l’Europe, l’international et l’écologie.
Chère camarade, cher camarade,
Si la mondialisation continue au rythme actuel, dans dix ans, le monde sera encore plus libéral, donc encore plus inégalitaire, et l’environnement encore plus dégradé. Les conflits se multiplieront : pour la puissance, pour l’énergie, pour l’eau, pour l’accès aux médicaments, pour fuir les cataclysmes liés au réchauffement climatique. Le monde libéral est un monde violent.
Ma conviction, c’est que cette perspective n’est pas une fatalité. Sur tous les continents, des femmes et des hommes aspirent à construire un monde plus humain et plus solidaire. Si la France se range clairement à leurs côtés, prolongeant la bataille pour l’Europe sociale et la lutte contre le CPE, alors nous aiderons à faire pencher la balance ! À l’inverse, une victoire de la droite et de Sarkozy ferait basculer l’équilibre en ancrant notre pays dans le système libéral dominant. Voilà pourquoi l’élection de 2007 est décisive et pas seulement pour les Français. Il reviendra au prochain Président de la République et à la nouvelle majorité de remettre la France à la tête du camp du progrès.
Cela suppose des choix volontaristes pour une Europe sociale, une mondialisation solidaire et une écologie active. Et non une gauche blairiste qui, à force d’intérioriser les contraintes du libéralisme, s’en fait le défenseur.
On me dit parfois que j’ai changé. Évidemment ! Certes, mes valeurs sont restées les mêmes - l’égalité, la laïcité, la liberté, l’internationalisme, en un mot, le socialisme -, mais j’ai adapté un certain nombre de mes positions aux bouleversements du monde. Ceux qui ne le font pas vivent sur une autre planète. Si on veut construire l’avenir - et pas simplement le « désirer » - l’heure n’est pas aux à peu près. Le capitalisme financier transnational ne fait pas dans la demi-mesure. Sans détermination farouche de notre part, il ne connaîtra pas de limites.
1) En Europe, nous tiendrons bon sur notre objectif : l’Europe sociale.
Nos partenaires, prenant acte du « non » français, ont décidé qu’il reviendrait à la France de présider l’UE au moment de conclure la renégociation du Traité constitutionnel. Ce Traité devra être court, se recentrer sur les institutions et les valeurs et faciliter notamment les coopérations renforcées pour permettre l’Europe des « trois cercles ». Je m’engage à soumettre aux Français par référendum ce nouveau texte.
Pour réorienter et relancer l’Europe, outre la construction d’une armée européenne par la mise en commun de nos équipements et de nos industries - et d’abord à l’échelon franco-allemand -, nous devrons attaquer plusieurs grands défis, bien définis dans notre projet socialiste.
• La politique monétaire qui suppose une révision des orientations de la BCE.
• Les délocalisations intra et extra-européennes : il y a urgence à adopter un traité d’harmonisation sociale et fiscale.
• La préparation de l’avenir : elle passe par un budget renforcé pour investir dans la recherche, la politique énergétique commune, les réseaux de transport, etc.
• La défense des services publics qu’il faut protéger, en particulier par une directive. Pour donner plus de force à nos demandes, je subordonnerai tout nouvel élargissement à ces avancées.
2) Pour une mondialisation solidaire, nous fixerons comme objectif le juste échange au lieu du libre échange.
Je proposerai à nos partenaires européens une utilisation stratégique du tarif extérieur commun. La France ne ratifiera aucun accord commercial qui ne comprendra pas de garanties sociales et environnementales.
Nous ferons du « partenariat pour le développement » une priorité, et d’abord en direction de nos frères et soeurs d’Afrique. Nous devrons prévoir des financements innovants. Pourquoi pas, au-delà de l’augmentation de l’aide et de l’annulation des dettes, une taxe sur les ventes d’armes, comme je l’ai déjà évoqué ?
Les organisations internationales (ONU, FMI, OMC, Banque mondiale) devront prendre en compte pleinement cette mondialisation.
3) Nous mettrons l’écologie et le développement durable au coeur de nos politiques publiques, du local au global.
Nous proposerons la création d’une Organisation mondiale de l’environnement. Je proposerai à l’UE l’adoption d’une véritable fiscalité écologique fondée sur le principe pollueur-payeur. En France, nous créerons un service public de l’environnement doté de pouvoirs étendus, placé sous l’autorité d’un ministre du Développement durable qui sera le numéro 2 du gouvernement. Les économies d’énergie, l’habitat écologique, la diversification énergétique, le ferroutage et les transports collectifs, en lien avec les collectivités locales, seront des priorités budgétaires. La mise en concurrence du marché de l’énergie sera suspendue. EDF et GDF repasseront sous contrôle public.
Stop ou encore au libéralisme, voilà le sens de l’élection de 2007 et du vote militant les 16 et 23 novembre prochains. Des millions de femmes et d’hommes, en France, en Europe et dans le monde, subissent la précarité. Ils veulent trouver une issue pacifique et efficace. Cette issue s’appelle le socialisme. C’est pour le faire triompher face à la mondialisation et à la marchandisation que je suis candidat.
Laurent Fabius
Réponses aux questions des militants
Christophe CAVAILLES (Haute-Garonne)
Géopolitique, prolifération, nucléaire, terrorisme : quelles solutions préconises-tu pour rendre efficace la non-prolifération nucléaire ? Quelle position adopter à l’égard de l’Iran, du Pakistan et de la Corée du Nord ? Quelle sortie de crise pour les conflits en Afghanistan, en Côte-d’Ivoire, dans la région des Grands Lacs, en Somalie et au Moyen-Orient ?
L’affaiblissement du traité de non prolifération est inquiétante. Réaffirmer sa validité, cela veut dire donner toute garantie que l’on ne contourne pas ce traité, ce que fait l’Iran aujourd’hui. Cela veut également dire que l’on applique toutes ses dispositions, y compris la maîtrise du cycle nucléaire civil, dont l’Iran a le droit de se doter. Ceci dit, il faut renforcer les contrôles de l’AIEA sur l’Iran. Réaffirmer le traité de non-prolifération, cela veut dire aussi que les puissances nucléaires s’engagent à appliquer l’article 6 du traité pour aller vers un désarmement.
Face à l’Iran et à la Corée du Nord, il faut pratiquer une politique à la fois de la fermeté et d’incitation. Je crois juste de privilégier les sanctions qui frappent directement les dirigeants : entrave aux déplacements internationaux et gel des comptes à l’étranger en particulier. C’est ce que j’ai réclamé notamment pour le président Ahmadinejad, qui tient des propos totalement inacceptables à l’égard d’Israël.
Dans le même temps on ne pourra convaincre les États d’écarter la prolifération s’il n’y a pas aussi une incitation. En matière de développement économique et de sécurité, il faut reprendre les discussions à six avec la Corée du Nord (Corée du Sud, Chine, Japon, États-Unis, Russie, Corée du Nord). Comme cela avait été fait dans les années 90 à l’initiative de l’administration Clinton, je souhaite que l’on prenne en compte les besoins énergétiques de la Corée du Nord, ce qui peut la convaincre d’évoluer quant à ses ambitions de nucléaire militaire.
Enfin, l’Europe doit faire davantage entendre sa voix, notamment par rapport aux Etats-Unis, dont la politique contre les « Etats voyous » s’est avérée très inefficace.
Jacqueline HOIBIAN (Drôme)
Dans le conflit israélo-palestinien, quelle sera la position de votre gouvernement ? Respect des deux peuples ? Condamnation des colonies ? Quelle aide pour favoriser un processus de paix juste ?
Ma position est en droite ligne des deux principes posés par François Mitterrand, dans son discours à la Knesset : la sécurité pour l’État d’Israël, « l’irréductible droit de vivre pour Israël et son peuple », le droit des Palestiniens à un État viable qui ne soit pas d’emblée condamné par sa géographie. Il doit en résulter la reconnaissance mutuelle des deux États, l’évacuation des colonies illégalement implantées en Cisjordanie, le respect des frontières de 1967, sauf arrangement possible de sécurité. Jérusalem devrait être doté d’un statut assurant la coexistence des religions et des deux capitales.
Pour relancer le processus de paix, la bonne méthode est le dialogue entre les protagonistes, États et mouvements disposant d’un appui dans la population. Il ne s’agit pas de cautionner des positions inacceptables, mais de prendre en compte les résultats des consultations électorales et, à travers cet échange, de favoriser une meilleure compréhension. Car il n’y aura pas de solution au Proche- Orient autre que politique. La France, pays ami des Israéliens et des Palestiniens, a un rôle de premier plan à jouer. Ceci dit, en tant que président de la République, qui représente une autorité morale, je ne recevrai pas les dirigeants du Hamas tant qu’il n’y aura pas eu une évolution de sa part vers la reconnaissance d’Israël. Les contacts devront avoir lieu au niveau diplomatique. Il est également souhaitable que nous parvenions à une plus grande implication de l’Union européenne et du Quartet. Nous ne devons pas laisser les Israéliens et les Palestiniens sans médiateurs ni réel contrepoids face à la politique américaine.
Benoît MARTIN (Ille-et-Vilaine)
Le programme socialiste est très discret sur les questions militaires. Quelle est votre position vis-à-vis de l’OTAN ? Quelle stratégie voulez-vous mener vis-à-vis de l’Europe de la défense ?
Je privilégie l’Europe de la défense. Pour convaincre nos partenaires européens d’y participer pleinement, nous ne la construirons pas contre l’OTAN, mais de façon autonome vis-à-vis d’elle. C’est parce que je souhaite cette autonomie que j’avais notamment récusé l’inscription dans le Traité constitutionnel européen d’une soumission de la défense européenne à l’OTAN.
Comment relancer l’Europe de la défense ? Un livre blanc sur la défense européenne est d’abord nécessaire au-delà de la stratégie de sécurité adoptée en 2003. Il faut aussi que nous fixions comme principe l’intégration de nos armées qui doivent disposer le plus possible des mêmes matériels. Cela permettra de renforcer notre défense tout en dégageant des économies nécessaires. Nos amis allemands devraient être sollicités en priorité. Je l’ai répété : une grande ambition, c’est une armée franco-allemande un siècle après Verdun, à l’horizon 2016. Elle peut être le prélude à une armée européenne. Le président du SPD a proposé récemment de créer une armée européenne indépendante de l’OTAN. J’approuve cette idée. L’Europe a besoin de grands projets. La défense européenne et l’armée franco-allemande sont de grands projets. Quant à l’Alliance atlantique, nous en sommes membres, nous devons veiller à ce que l’OTAN ne se substitue pas de plus en plus à l’ONU pour des interventions tous azimuts sous direction américaine.
Pierre DEDET (Cher)
De quelle manière comptez-vous tenir compte du refus du Traité constitutionnel européen exprimé par les Français en 2005 ? Pensez-vous favoriser la construction d’une Europe plus sociale ? De quelle manière ?
Prendre en compte le vote majoritaire des Français, c’est d’abord le respecter.
Cela signifie deux choses, bien exposées dans le projet socialiste. D’abord, le prochain président de la République devra chercher à relancer et réorienter l’Europe sur la base de ce vote. Nous adresserons à nos partenaires plusieurs propositions : doter l’Europe élargie d’un Traité social, d’une directive cadre sur les services publics et d’un vrai budget de solidarité ; revoir la politique commerciale et de la concurrence de la Commission européenne, dans un sens favorable à nos industries, ce qui appellera un renforcement du tarif extérieur commun ; réorienter le pilotage de la zone euro en révisant les objectifs de la BCE, en assouplissant le pacte de stabilité et en lançant une démarche d’harmonisation fiscale, préfiguration d’un véritable impôt européen ; élaborer un nouveau Traité constitutionnel, centré sur les valeurs et les institutions.
Je soumettrai au vote des Français ce nouveau texte. M. Sarkozy propose, lui, un « mini-Traité à ratification parlementaire ». J’appelle cela unemaxi-imposture. Certains socialistes semblent hésiter et renvoyer à plus tard le chantier institutionnel. Pour moi, c’est clair : la Constitution sera au menu de la présidence française au second semestre 2008, et le peuple doit avoir le dernier mot.
Quant à l’élargissement, je ne pense pas qu’on puisse accepter un nouvel élargissement de l’Union européenne tant que celle-ci ne se sera pas dotée du Traité social et de la Constitution que propose notre projet. Je ne suis ni pour l’Europe à 50 ni pour l’Europe par la preuve, mais pour l’Europe par la Gauche, dans la fidélité à ce qu’ont demandé les Français.
Catherine JACQUEMOT (Hauts-de-Seine)
La coopération avec l’Afrique est essentielle pour notre pays, pas seulement au titre de la solidarité avec les populations africaines, mais aussi parce que ce qui s’y passe est crucial pour notre avenir : émigration, sécurité, risque sanitaire, risque écologique... En matière de coopération, dites-nous ce que vous voulez faire, annoncez que nous respecterons nos engagements internationaux.
Je voudrais dire, tout d’abord, que je regrette beaucoup que nous n’ayons pas évoqué l’Afrique lors de notre débat télévisé. Comme tu le sais, je me suis rendu au Sénégal et au Mali cet été [cf. www.laurentfabius. net] et j’ai déjà annoncé que si je suis élu, mon premier déplacement hors d’Europe sera pour l’Afrique. La France a des devoirs à l’égard de l’Afrique et pour nous, l’Afrique est une chance et certainement pas un fardeau. Je partage pleinement ton avis : l’avenir de l’Afrique, c’est aussi le nôtre. La santé, l’environnement, la sécurité de l’Afrique nous concernent directement. Je refuse « l’immigration choisie » du ministre de l’Intérieur qui constitue souvent une insulte pour les populations d’origine africaine.
J’ajouterai à ta liste la croissance. Face aux dégâts de la mondialisation financière, ce n’est qu’en stimulant la croissance en Afrique, au moyen d’une politique ambitieuse de co-développement, de construction d’infrastructures, de juste échange, de développement des entreprises locales, de maîtrise de la démographie qu’un avenir meilleur pourra être proposé aux populations d’Afrique. Loin des pratiques douteuses de la « Françafrique », c’est la voie pour parvenir à un rééquilibrage entre les deux rives de la Méditerranée.
S’agissant du montant de notre aide publique, notre projet fixe comme objectif 0,7 % du PIB, en privilégiant l’éducation, la santé et les infrastructures. Ce sera un effort considérable, dans un contexte budgétaire difficile. Il faudra que nous le tentions.
Pour de propositions efficaces et solidaires, contruire l'avenir avec Laurent FABIUS
La crise des banlieues souligne le besoin de République
9 novembre 2006
Le critère du succès de mon mandat sera celui-ci : je veux qu’à son terme, les jeunes se disent : « si nous le voulons, notre vie sera meilleure que celle de nos parents ».
Interview de Laurent Fabius :
Comment vivez-vous cette campagne, coincé entre DSK, le social-démocrate, et Ségolène Royal, la madone des sondages ?
Je suis à l’aise parce que je suis, moi, tout simplement socialiste. De plus en plus de militants soutiennent ma candidature parce que je suis le seul à revendiquer clairement le socialisme et le rassemblement de la gauche. Les lignes sont en train de bouger !
Estimez-vous être le meilleur rassembleur de la gauche ?
Je le pense. On ne rassemblera pas la gauche sur l’idée, défendue par mes deux camarades, que l’on va « dynamiter » les universités en les privatisant ou en prônant l’« encadrement militaire » des jeunes. Ce qui unit la gauche, ce sont des positions de gauche, efficaces et solidaires : l’amélioration du pouvoir d’achat et du logement, la lutte contre les délocalisations, la laïcité, les services publics, la République parlementaire nouvelle, l’Europe sociale, l’écologie active. C’est le chemin que je propose pour 2007.
Faites-vous souvent référence à François Mitterrand quand vous agissez ?
Oui, je me reconnais dans plusieurs de ses traits depuis longtemps : la volonté, la lutte contre les injustices, la conviction européenne. Mais aussi l’amour des Français et une idée élevée de la France
La crise des banlieues ne signe-t-elle pas l’arrêt de mort de notre modèle républicain et le début d’un communautarisme à l’américaine ?
Elle souligne au contraire le besoin de République. En France, nous séparons la foi et la loi. Prenons garde de ne pas gâcher cette chance exceptionnelle qui s’appelle la laïcité. Cela suppose aussi de vraies réponses pour les banlieues. Lutter contre les ghettos, encourager l’emploi et ne plus entasser les gens dans des logements indignes. Pour cela, j’ai proposé, par exemple, quesi un maire ne respecte pas l’obligation des 20 % de logements sociaux, le préfet se substituera à lui pour les construire. En matière d’éducation, je suis favorable au renforcement de l’encadrement scolaire dans les quartiers difficiles. Il faut aussi lutter contre les discriminations. Et, bien sûr, assurer la sécurité sans aucun angélisme.
Comment qualifiez-vous les incendiaires du bus de Marseille, et que préconisez-vous pour ces délinquants ?
Ce sont des voyous qui n’ont rien à voir avec l’écrasante majorité des jeunes des quartiers. Pour ces jeunes délinquants, il faut des sanctions très fermes, d’ailleurs prévues par la loi, qui peuvent aller jusqu’à la prison. Cela dit, celle-ci doit rester le dernier recours. C’est souvent une école de la récidive. Il faut plutôt envisager une mise à l’écart, dans des établissements fermés hors du quartier d’origine, avec un suivi pour la réinsertion. Nous devons éviter de créer un affrontement permanent entre la société et les jeunes, entre la police et les jeunes.
Si vous êtes élu, comment sera la France à la fin de votre mandat, en 2012 ?
Ce sera une France qui aura relancé l’emploi, investi dans l’avenir - recherche, innovation, éducation, formation. Nous aurons réorienté la construction européenne face à la mondialisation financière. Nous aurons retrouvé dynamisme et espoir. Actuellement, beaucoup de jeunes se disent que leur situation sera moins favorable que celle de leurs parents. Le critère du succès de mon mandat sera celui-ci : je veux qu’à son terme, les jeunes se disent : « si nous le voulons, notre vie sera meilleure que celle de nos parents ».
Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de démagogie ?
Je réponds que je ne considère pas qu’augmenter de 8 % le salaire de personnes qui gagnent 1 000 euros nets par mois ou revaloriser les pensions soit de la démagogie ! En tout cas, quand on est de gauche.
La France a-t-elle les moyens de ses réformes ?
Il faudra notamment revenir sur les cadeaux fiscaux de plusieurs milliards consentis aux plus aisés par la droite, ainsi que sur les allègements de charges accordés aux très grandes entreprises et qui n’ont aucune efficacité pour l’emploi.
Pensez-vous que DSK et Ségolène Royal soient armés pour faire face à ces difficultés ?
Ce sont des personnalités de talent, mais pour redresser notre pays, il faudra une approche plus volontaire et plus novatrice que la social-démocratie édulcorée ou que le blairisme régionalisé. Quant à l’international, lorsqu’on va discuter avec un démocrate aussi exquis que le Président iranien M. Ahmadinejad, mieux vaut avoir beaucoup d’expérience. Même chose pour l’Europe dans un tout autre contexte, quand il faudra renégocier la Constitution avec nos partenaires.
Qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents socialistes ?
Je refuse la fatalité. Et la confusion entre communication et politique.
Déplorez-vous cette tendance ?
Un responsable politique doit apporter des réponses précises et avoir le courage de ses convictions. Quand un citoyen, une association, un syndicat, vous demande : « Qu’est-ce que vous pensez de ce problème », si votre réponse est : « J’allais vous poser la même question », c’est un peu court ! Et, je le crains, dévastateur à terme.
Qu’allez-vous faire pour être au second tour ?
Je vais continuer les déplacements sur le terrain, les interviews dans les médias et les débats. Ma démarche ne variera pas : toujours revenir aux questions de fond et appeler les militants socialistes, anciens ou récents, à voter librement.
Et si vous ne l’êtes pas, pour qui appellerez-vous à voter ?
Je ne me place pas dans cette hypothèse. J’agis pour gagner.
Comment expliquez-vous que vous ne décollez pas dans les sondages ?
C’est un faux problème. Celui qui sera désigné par le PS partira mécaniquement avec environ 50 % de popularité puisqu’il sera perçu comme le champion de la gauche. C’est ce qui s’est produit en 1981 avec François Mitterrand et en 1995 avec Lionel Jospin. Avant leur désignation par les militants, ils avaient des scores modestes. Leur désignation les a placés automatiquement au premier rang. La question n’est donc pas de savoir qui est en tête dans les sondages, mais qui est capable, à partir d’un même point de départ, de monter et de ne pas descendre. Là, ce n’est plus affaire de sondage ou de marketing, mais de ligne politique.
Etes-vous inquiet du déroulement du vote interne au Parti socialiste ?
Quand je vois tel responsable de département ou de région annoncer chez lui, avant le vote, des scores à la nord-coréenne pour une candidature, je m’interroge. Je crains que, dans les derniers jours, on veuille forcer la main des militants : j’espère qu’ils sauront rester libres.
Peut-on imaginer que vous soyez candidat en dehors du PS si vous n’êtes pas investi ?
Non.
Que ferez-vous si vous êtes désigné ?
En lien avec la direction du PS, j’engagerai des discussions avec nos partenaires politiques pour bâtir un contrat de majorité. En décembre et janvier, je ferai le tour des capitales d’Europe et des principaux pays du globe pour dire ce que sera la France du vrai changement. A partir de février, je mènerai campagne sur la double mission qui sera la nôtre : répondre à l’urgence sociale et construire l’avenir. Je me préparerai à ma tâche. Je veux être le Président du vrai changement.