Tuesday, October 31, 2006

Pour une alternative de progrès, une politique résolument moderne et une France à l'avant-garde


Laurent Fabius : "Un vaste rassemblement de militants de sensibilités diverses autour de ma candidature"

(Lyon Capitale - 31 octobre 2006)

Ségolène Royal semble toujours la favorite et Dominique Strauss-Kahn son challenger. Croyez-vous toujours pouvoir vous imposer ?
Bien sûr ! Est en train de se former autour de ma candidature un vaste rassemblement de militants de sensibilités diverses qui souhaitent que notre candidat défende vraiment le projet socialiste et s’engage pour une alternative politique claire à la mondialisation libérale en tirant toutes les leçons de l’expérience. Les débats commencent à briser le bruit médiatique et l’enfumage sondagier. La gauche, c’est la liberté de penser, pas le bourrage de crâne ! Un an avant l’élection de 1981, François Mitterrand - j’étais alors son jeune collaborateur - n’était pas en tête dans les enquêtes d’opinion. Mais il a tenu bon et défendu ses convictions. J’en fais de même et j’ai bon espoir de gagner.

Vous avez été le plus pugnace lors du dernier débat. Très Mitterrandien. Mais vous semblez incarner un Président “à l’ancienne”, alors que Royal et DSK semblent plus “modernes”...
N’est-ce pas plutôt l’inverse ?
Elire un président, c’est choisir une personnalité, mais c’est avant tout vouloir un projet politique.Or, le projet que je défends est le seul à dire pourquoi et comment relever les défis du futur, défi écologique, celui de l’éducation, celui de l’allongement de la durée de la vie, celui de la relance et de la réorientation européenne. Si je suis élu, je proposerai une République parlementaire nouvelle. Mes deux camarades ont une vision nettement plus présidentialiste. Même relooké « moderne », un monarque à l’Elysée reste un monarque... A mes yeux, le Président doit cesser d’être le dirigeant irresponsable qu’il est aujourd’hui, exprimer le long terme, défendre les valeurs républicaines, ne pas court-circuiter le Parlement et le Premier ministre. Il doit savoir anticiper, résister, connaître et aimer la France et les Français. C’est mon cas. Et c’est tout à fait moderne.

Peut on dire que Royal, c’est la participation, DSK la négociation et vous la loi ?
Ce serait une caricature ! Je crois à la démocratie participative, à condition qu’elle soit au service des citoyens et pas une simple opération de communication. Je crois aussi au contrat - je l’ai d’ailleurs souvent pratiqué dans les fonctions que j’ai occupées. Mais par expérience, je sais que la loi peut protéger et l’absence de loi asservir. C’est une vision superficielle de la société de penser que, parce qu’on va asseoir les syndicats et le Medef face à face, les salaires vont augmenter comme par enchantement. S’il n’y a pas un gouvernement de gauche qui avance des objectifs et utilise les instruments à sa disposition, rien de positif ne se passera pour les salariés, ni pour les petits entrepreneurs d’ailleurs. Avec la mondialisation financière et une société minée par la précarité, plus que jamais l’impulsion et le cap doivent venir du politique !

À plusieurs reprises, vous avez accusé Ségolène Royal de "faire le lit de l’extrême-droite". La trouvez-vous dangereuse ?
Nous sommes tous membres du PS et je veille à ne pas attaquer mes compétiteurs. Plutôt que de chercher à développer un contre-projet au moyen d’un concours Lépine des idées choc, parfois peu réalistes, parfois inefficaces, pour moi l’idée la plus nouvelle, c’est d’appliquer le projet socialiste qui seul peut rassembler la gauche, rassemblement qui conditionne la victoire. Les militants n’ont pas voté pour une copie du programme de Tony Blair... Et quand ces idées ont été présentées au congrès du PS, elles ont fait 2 % !

Les idées de Ségolène Royal sur les camps militaires ou les jurys populaires marquent-elles un point de rupture par rapport aux valeurs de gauche ?
Je doute que ces positions permettent de rassembler la gauche. Ne relèvent-elles pas surtout d’une stratégie de communication ? Il s’agit, après un sondage et avant un débat télévisé, de rendre publique une idée pour susciter une controverse dans l’opinion. Si ça accroche on continue, si ça décroche on fait marche arrière et on change de thème. L’encadrement militaire des primo-délinquants devient un encadrement humanitaire. Vous croyez que l’armée a les moyens d’encadrer 48 000 jeunes ! Quant au Conseil des ministres, si vous le rendez public, vous en faites une scène médiatique, c’est-à-dire le contraire de ce qu’il doit être : un lieu de travail et de délibération.

Ségolène Royal a l’argument d’être une femme...
C’est incontestable ! Je suis à 100 % pour que les femmes aient un rôle beaucoup plus important notamment en politique et je crois être le seul à avoir proposé que le gouvernement soit strictement égalitaire entre les femmes et les hommes. Mais je ne crois pas que l’on détermine son vote uniquement en fonction du sexe.

En quoi êtes-vous meilleur pour battre Nicolas Sarkozy, lui aussi très fort pour susciter le débat ?
Je le battrai en me situant sur les terrains concrets de préoccupation de l’électorat populaire et des couches moyennes : le pouvoir d’achat, le logement, l’éducation, la santé, les services publics - dont la sécurité fait partie. En répondant aussi aux grands problèmes qui sont devant nous.

Sous Jospin, vous étiez perçu comme un Tony Blair français. Comment croire à votre revirement antilibéral ?
Après le séisme du 21 avril 2002, après Le Pen au 2ème tour de la présidentielle, après les bouleversements de la mondialisation financière, après les gravissimes menaces écologiques, si vous n’adaptez pas votre logiciel, c’est que vous vivez sur la planète Mars ! Je garde les valeurs qui ont toujours été les miennes, mais sur certaines solutions, j’ai évolué, je l’assume, et je ne crois pas un instant qu’on puisse arriver à redonner une perspective de progrès avec une vision tiède de la gauche. Le discours de gauche est régulièrement dénigré comme étant « archa ïque », comme si les valeurs de gauche étaient d’un autre temps. Des mesures rétrogrades deviennent des « remises en cause courageuses » ! Et bien, moi, j’appelle un chat un chat. Je revendique une gauche décomplexée.

On a le sentiment que des passerelles se créent entre vous et DSK. Y aura-t-il un accord de désistement ?
J’apprécie ses qualités, mais il y a aussi des points de divergences. Je pense que la gauche doit porter un changement plus important que la « social-démocratie » à l’ancienne. Quelle est la réponse social-démocrate à la mondialisation ? La transformation ou la résignation. A ce stade du débat, on ne sait pas vraiment.

Alors que les Allemands ont décidé de passer l’âge de la retraite de 65 à 67 ans, le PS veut la maintenir à 60 ans. N’est-ce pas irresponsable ?
Ce droit doit être maintenu, mais le système actuel n’est pas financé et il est injuste. La loi Fillon aboutit à des pensions trop faibles, en particulier pour les femmes qui ont accompli des carrières courtes. Il faudra trouver de nouvelles recettes, tenir compte de la pénibilité et fixer une retraite minimum. Tout cela demandera une vaste négociation. Nous devrons ouvrir cette discussion rapidement.

Des entreprises chinoises rachètent des pans de notre industrie, comme Rhodia à Lyon. Faut-il s’inquiéter du développement de la Chine, ou se réjouir de le voir sortir du tiers-monde ?
Les deux ! Mais le problème, c’est l’absurdité de la politique européenne de concurrence. Et la faiblesse de notre politique commerciale, industrielle, monétaire et de recherche. Lorsque les États-Unis n’ont pas voulu que les chinois achètent une de leur société pétrolière, ils l’ont empêché. Lorsqu’ils souhaitent être offensifs, ils le sont. En Europe, on tergiverse. Je veux que l’Europe propose une autre perspective de développement où l’humain passe avant le marché. Je veux que l’Europe soit généreuse et ouverte, je ne veux pas qu’elle soit offerte.

Si vous étiez Président, à quel pays réserveriez vous votre première visite officielle ?
L’Allemagne d’abord, pour la relance de l’Europe. Et ensuite l’Afrique noire, parce que la question du développement est une question majeure et qu’il faudra en finir avec ce qu’on appelle la “France-Afrique”. Je connais bien les africains et je les aime. La France doit être à l’avant-garde pour les aider à développer leurs projets et leur continent.

Mar, 31/10/2006 - 14:37

Sunday, October 29, 2006

Aucun socialiste n'a le monopole du peuple

Laurent Fabius : "Aucun socialiste n'a le monopole du peuple"


Retrouvez ici l'interview de Laurent Fabius parue dans le journal Le Parisien du 29 octobre 2006.

Vous avez reproché à Ségolène Royal, notamment avec son idée de « jurys citoyens », une dérive populiste. Mais le populisme, c'est quoi ?
Il faut toujours s'adresser à l'intelligence des citoyens et à leur raison. Quand on la creuse, l'« idée » de jury citoyen ne rassure pas car elle est ambiguë. S'il s'agit de créer des comités de surveillance des élus, transformant quelques citoyens en procureurs, on ne peut pas l'accepter, au nom même de la démocratie représentative et du respect du suffrage universel. S'il s'agit de consulter la population sur un projet précis et technique, c'est une possibilité parmi beaucoup d'autres, qui n'est d'ailleurs pas nouvelle. Donc, oui à la démocratie participative, non à la démocratie punitive. Aucun socialiste n'a le monopole du peuple.

Considérez-vous que le PS est aujourd'hui en danger ?
Non. Ce qui m'inquiéterait c'est que la candidate ou le candidat PS ne défende pas le projet socialiste et s'éloigne de nos fondamentaux. Force est de constater qu'aujourd’hui je suis le seul des trois candidats à défendre vraiment notre projet. En tout cas, je souhaite, puisque ce sont les militants qui vont se prononcer, qu'ils le fassent en toute liberté, sans se laisser impressionner par la mousse médiatique ou le bruit des sondages. Je leur dis donc : « Soyez libres. »
Diriez-vous qu'en un an il y a eu tout de même des choses de faites en faveur de la banlieue ?
On a eu droit à beaucoup de déclarations, mais, sur le terrain, rien ou presque rien n'a changé. Un exemple : les habitants de Clichy-sous-Bois attendent toujours le commissariat promis par M. Sarkozy. La tension devient aujourd'hui extrêmement préoccupante. Les jeunes ont le sentiment d'être agressés, les policiers aussi. Et les provocations se multiplient La réalité, c'est qu'envers les jeunes et les policiers le gouvernement a beaucoup promis et peu agi.

Quelle est votre vision du rôle du chef de l'Etat ?
Je suis pour une République parlementaire nouvelle. C'est le choix du PS et c'est le mien. Cela veut dire qu'il est temps d'en finir avec la pratique d'une sorte de monarque irresponsable à l'Elysée. Mais je suis frappé que tout se passe, quand j'entends mes concurrents à l'investiture socialiste, comme si on nous proposait au contraire un régime présidentiel renforcé. Je ne suis pas d'accord. Le président de la République a un rôle particulier d'impulsion et d'arbitrage. Et des prérogatives en politique étrangère et de défense. Mais j'insiste sur le rôle central du Parlement qui doit devenir le cœur battant de la démocratie. Et sur la responsabilité du Premier ministre. Un exemple : la grande conférence salariale que nous réunirons, ce ne peut pas être le « pacte de l'Elysée ». Le président ne mènera pas la discussion pendant des semaines avec le Medef et les responsables syndicaux. Ce sera au Premier ministre de le faire. Ce sera lui le capitaine, responsable politiquement devant l'Assemblée.

Pour mieux assurer la représentation de la diversité française à l'Assemblée, ne faudrait-il pas réintroduire une dose de proportionnelle ?
Si vous voulez parier de la diversité politique, ma réponse est oui. Le scrutin majoritaire permettra... une majorité, mais il faudra, grâce à une dose de proportionnelle, permettre que toutes les sensibilités politiques soient représentées à l'Assemblée. Pour le reste, c'est aux partis de prendre leurs responsabilités pour assurer une vraie diversité, mais je dis non à la politique des quotas. Je refuse toutes les discriminations.

Pourquoi, mardi soir à la télévision, avez-vous parlé avec tant de passion de la laïcité ?
Parce que la valeur laïcité est fondamentale et qu'elle est à l'origine de mon engagement politique. Parce que c'est un des grands atouts modernes de notre pays et une force pour notre République. Aussi, parce que M. Sarkozy, bien qu'il s'en défende, cultive, lui, une approche dangereusement communautariste. En France, nous avons une valeur de paix et de tolérance pour vivre tous ensemble : la laïcité. Soyons en fiers et défendons-la ! Et encore plus quand, dans tel hôpital, des médecins sont empêchés d'intervenir en fonction de l'appartenance religieuse d'un malade ou quand, dans telle école, un professeur d'histoire est empêché, pour le même motif, de parler de la Shoah. Je suis favorable à une charte de la laïcité adossée à la Constitution : elle définira les droits et les devoirs de chacun. Elle sera remise à tout Français au moment de sa naturalisation ou quand il reçoit sa carte d'électeur. A l'école, il serait utile que chaque année les professeurs puissent expliquer ce qu'est la laïcité. Je suis heureux de voir que mes camarades candidats disent aujourd'hui se ranger à cette analyse. Mais je me souviens qu'au moment du congrès de Dijon, il y a quelques années, j'étais bien seul à me prononcer pour une loi contre le port de signes religieux à l'école. Mon discours portait sur la République et s'appelait : « Marianne ne peut pas être voilée ». Cela dit il serait dangereux et faux que le combat pour la laïcité soit vécu par certains comme une attitude de défiance envers l'islam. Il faut au contraire que, parallèlement, des décisions soient prises pour que les musulmans puissent pratiquer leur religion de façon décente et en pleine égalité avec les autres cultes. Et cela, on peut parfaitement le faire sans mettre en cause la loi de 1905. J'entends bien être un président laïc.

Quand on vous classe « à gauche toute », avez-vous le sentiment d'être compris ou caricaturé ?
Je suis tout simplement à gauche. J'ai tiré les leçons du 21 avril 2002. J'ai tiré les leçons de la mondialisation financière, de la gravissime menace écologique et de la précarisation tous azimuts. Nos concitoyens veulent un président qui réponde, contre la dérive libérale, à l'urgence sociale et construise le futur. J'espère bien que ce message simple, celui du projet socialiste que je défends, sera de mieux en mieux compris. On ne réussira pas l'alternance en reprenant les recettes de la droite ou en copiant exactement celles que la gauche a mises en œuvre hier. La France a besoin d'un vrai changement à gauche, pas d'une nouvelle purge libérale ni d'une rustine sociale-démocrate à l'ancienne.

Propos recueillis par Dominique de Montvalon

Pour une société plus forte parce que solidaire

Laurent Fabius : En 2007, la gauche a un rendez-vous décisif avec l’école et les enseignants


Cher(e)s camarades,
La mondialisation financière n’a pas seulement précarisé l’économie ; elle est en train de diviser et de déchirer notre société. La rentabilité passe avant l’humanité, l’intérêt général après les intérêts particuliers. La marchandisation libérale creuse les inégalités et fabrique de l’insécurité sociale. La droite s’accommode de cette société du chacun pour soi. Pas nous. C’est le sens de ma candidature. Je crois qu’une autre société est possible, plus forte parce que plus solidaire. Je l’ai dit lors de nos deux premiers débats télévisés. Cela implique plusieurs engagements.
1) Bâtir l’Ecole de l’égalité réelle
L’école est le socle du pacte républicain. Quand elle est déstabilisée, c’est toute la société qui vacille. Oui, en 2007, la gauche a un rendez-vous décisif avec l’école et les enseignants. Nous devrons aider davantage les enfants qui en ont le plus besoin, notamment en augmentant les moyens accordés aux ZEP, et proposer un droit au soutien scolaire après la classe à tous les enfants. Pour casser les ghettos scolaires, il faut améliorer la carte scolaire, et non la supprimer. Nous garantirons aux meilleurs élèves de tous les lycées un accès aux formations en classes préparatoires. Enfin, nous ouvrirons une négociation avec les enseignants sur les conditions difficiles de leur métier. Pour le supérieur, nous devrons accroître massivement les moyens consacrés aux Universités. Pour lutter contre l’échec en premier cycle, nous améliorerons le soutien des étudiants.
2) Promouvoir la laïcité face au communautarisme et agir contre les discriminations
La laïcité est le pilier de notre vivre ensemble. Dans la fidélité à mon engagement du congrès de Dijon pour une loi contre les signes religieux à l’école, si je suis élu chef de l’Etat, je ne laisserai pas la loi de 1905 être démantelée. Une Charte de la laïcité dans les services publics, et d’abord à l’hôpital, sera adoptée. La laïcité sera enseignée à l’école et la diversité religieuse respectée dans notre pays.
La lutte contre les discriminations sera une priorité et l’Etat devra donner l’exemple. Nous renforcerons les pouvoirs de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations.
3) Garantir l’égalité entre les territoires par les services publics
Sans territoires forts, rien n’est possible. Je suis partisan de la décentralisation. Socialiste et républicain, je crois à l’Etat dont la tâche première est d’assurer une égalité de traitement entre tous les territoires, qu’il s’agisse de la politique éducative et d’enseignement supérieur, de la santé, des équipements et des infrastructures. La France est une communauté nationale, en métropole et outre-mer, pas une simple addition de régions.
En 2007, il faudra garantir à chaque Française et à chaque Français un accès aux services publics essentiels que sont l’eau, l’électricité, la santé, l’éducation, la poste, la sécurité, le téléphone et l’internet. Je m’opposerai à la directive européenne de privatisation de l’activité postale prévue pour 2009.
4) Rétablir l’autorité de l’Etat et la sécurité
Comme toutes les inégalités, nous combattons l’inégalité devant la sécurité. Je ne laisserai pas dire que les socialistes ne s’occupent pas de sécurité. C’est faux et blessant pour nous tous, et d’abord pour nos élus locaux.
Le bilan de N. Sarkozy est calamiteux, nous ne pouvons pas nous inspirer de ses méthodes. En 2007, il faudra une autre politique de sécurité, fondée sur la police de proximité, que nous rétablirons, sur une justice plus efficace grâce à un budget augmenté, sur la prévention de la délinquance et l’aide aux victimes trop souvent oubliées. Etablissements éducatifs spéciaux pour adolescents en grande difficulté, séjour de rupture en centres éducatifs, développement des mesures de réparation comme alternative à la prison : nous défendrons la fermeté et l’humanité.
5) Promouvoir le pluralisme et la démocratie culturelle
Nous, socialistes, avons la culture au coeur. Elle ouvre sur le monde et sur les autres. Elle apprend l’esprit critique et le sens civique. Je souhaite que chaque jeune Français ait accès aux grandes disciplines artistiques. Les équipements sociaux et culturels des quartiers devront être une priorité. Nous soutiendrons la création artistique.
Pour les grands médias, notamment audiovisuels, il nous faudra préciser les règles d’équité, veiller à la déontologie et au pluralisme, redessiner les compétences et les modes de désignation des organes de régulation, soutenir l’audiovisuel public.
Cher(e)s camarades, la France du « marche ou crève » de la droite est une France en recul. Un pays est fort quand il porte un dessein commun et juste. Redonner un avenir à tous, et d’abord à notre jeunesse, par la solidarité et non par la concurrence généralisée, par l’égalité et non par la logique du plus fort, par la laïcité et non par le repli identitaire : voilà le dessein que je propose aux socialistes et aux Français. Une France forte parce que solidaire.
Ven, 27/10/2006 - 15:53

Saturday, October 21, 2006

Laurent Fabius, le plus réaliste et le plus à gauche !

Laurent Fabius : Face au projet précaire et brutal de la droite, je répondrai à l’urgence sociale et je préparerai l’avenir.

Chers camarades,
Face à l’urgence économique et sociale, je veux partir de la réalité et affirmer une claire volonté politique. La réalité, c’est qu’une grande majorité de nos concitoyens vivent ou redoutent la précarité. Emploi, logement, accès aux soins, services publics : la précarité se généralise. Ma volonté, avec tous les socialistes, c’est de refuser cette prétendue fatalité et de proposer un autre projet de société.
La droite porte une responsabilité écrasante : France en déficit, recherche scientifique en panne, explosion des contrats courts, conditions de vie qui se dégradent.
La dérive libérale de l’Europe, pourtant refusée par les peuples, aggrave la situation.
Surtout, le capitalisme a changé. Industriel et national auparavant, le voilà financier et transnational.
« Tous concurrents et que le moins cher gagne », telle est sa règle qui conduit à de dramatiques impasses, humaines, sociales, climatiques, sanitaires. Si la gauche n’arrête pas cette course folle, qui le fera ? Face à un capitalisme dur, il ne faut pas un socialisme mou.
Ces choix permettront à la France de renouer avec une croissance forte et durable.
1) Première urgence, le pouvoir d’achat et l’emploi.
J’ai proposé de porter le plus rapidement possible le SMIC à 1500 €, dont 100 € tout de suite, et d’organiser une conférence salariale pour diffuser cette hausse aux petits et moyens salaires. Je propose aussi de garantir à tous les retraités ayant cotisé un nombre suffisant d’années un niveau de pension minimal qui devra s’approcher du SMIC. Les femmes qui ont eu des carrières morcelées auront ainsi une pension décente.
Nous créerons la Couverture Professionnelle Universelle (CPU). Par une garantie de revenus et un accès à la formation professionnelle permanente, elle permettra d’aménager les temps de transition professionnelle. Le CNE sera abrogé. Dans les grandes entreprises, les exonérations de cotisations sociales seront progressivement supprimées. Les ressources ainsi récupérées seront affectées pour les emplois jeunes, pour la recherche scientifique et l’enseignement supérieur, pour les investissements et la croissance des PME.
Le soutien au pouvoir d’achat et à l’investissement des entreprises doit nous permettre de renouer ainsi avec une croissance forte et durable, qui est indispensable.
2) Deuxième urgence : préparer l’avenir et mieux nous défendre dans la mondialisation.
Comme je m’y suis engagé devant le collectif « Sauvons la Recherche », le budget de la recherche sera augmenté de 10 % par an.
Avec le gouvernement, je proposerai à nos partenaires une réorientation de la politique monétaire, de la politique de la concurrence et de la politique commerciale de l’Union européenne.
En France, le principe du « délocaliseurpayeur » sera instauré : si une entreprise délocalise, elle devra rembourser les aides publiques reçues, payer la taxe professionnelle pendant trois ans et financer le reclassement des salariés concernés.
Pour limiter les OPA souvent destructrices d’emplois, les salariés disposeront d’un droit de contrôle étendu, à travers une double consultation du conseil d’administration et du comité d’entreprise.
3) L’urgence, c’est aussi d’agir pour le logement et la politique de la ville.
120 000 logements sociaux locatifs seront construits chaque année. Dans les communes ne respectant pas le minimum prévu de 20 % de logements sociaux, le Préfet se substituera au maire. La hausse des loyers sera limitée à celle de l’inflation.
Pour les quartiers, des « Pactes de Solidarité Urbaine » entre l’Etat et les agglomérations seront négociés et conclus. Nous développerons l’accompagnement social et éducatif précoce des mineurs dérivant vers la violence. Et nous lutterons contre toutes les discriminations.
4) Dans les quartiers comme dans les campagnes, le changement nécessitera des services publics forts.
Les enseignants seront confortés dans leur mission de transmission des savoirs. Les jeunes bénéficieront d’un soutien périscolaire public après la classe. De nouveaux moyens seront dégagés pour les élèves en difficulté.
Je défendrai l’hôpital public et veillerai à ce que des médecins s’installent partout sur le territoire. La prévention sera développée, notamment pour lutter contre l’obésité. Nous investirons pour réduire le temps d’attente pour les examens médicaux.
En matière énergétique, je demanderai un moratoire européen sur la dérégulation dans le domaine de l’énergie. Comme le prévoit notre projet, EDF repassera sous contrôle 100% public et sera rapproché de GDF. Cela ne nécessitera pas de fonds budgétaires. Un vaste plan d’économies d’énergie et de développement des énergies alternatives sera engagé et les transports les moins polluants auront la priorité.
Voilà, concrètement, quelques aspects majeurs de la politique économique et sociale que nous engagerons lors du prochain quinquennat. A la fois par la loi et par le contrat. Par le niveau national comme au niveau local. Face au projet précaire et brutal de la droite, je répondrai à l’urgence sociale et je préparerai l’avenir. Il s’agit de construire une France forte et solidaire. Forte parce que solidaire. Je m’y engage avec chacune et chacun de vous.

Ven, 20/10/2006 -