Agir à gauche
Assemblée générale de présentation des contributions à la Fédération
le mercredi 14 septembre 2005
Présentation de la Contribution « Agir à gauche »
Agir à gauche suppose une analyse pertinente de la situation (le paysage politique a changé), une ligne politique claire pour unir les socialistes et rassembler la gauche et une volonté politique de transformation pour répondre aux attentes de nos électeurs. Sinon à quoi servirait la politique et les hommes ou les femmes politiques ?
Un constat essentiel s’impose : beaucoup de nos concitoyens ne croient plus à nos institutions, ni même au progrès. Ce rejet de la politique, nous l’avons durement éprouvé le 21 avril , puis plus fortement encore le 29 mai. 70% des employés et des chômeurs, 80% des ouvriers, une majorité de jeunes ont refusé le projet de traité constitutionnel. Si le 21 avril a été une surprise, le non du 29 mai a été réfléchi : il est l’expression d’une panne d’espérance, de la part des chômeurs, des travailleurs pauvres, des couches populaires et des classes moyennes qui sont inquiets pour l’avenir de leurs enfants. Non, ce n’était pas qu’une protestation illusoire, mais plutôt l’expression d’attentes fortes auxquelles il faudra répondre.
Le décrochage populaire à l’égard du parti socialiste s’est accentué, nous ne pouvons pas le nier. Il est temps d’en prendre la mesure et d’en tirer les conséquences.
Comment reconquérir notre base sociale ? Comment combler le fossé entre la France qui vit dans l’aisance et la France qui souffre de la baisse du pouvoir d’achat et de la casse sociale ?
Pour unifier les catégories populaires et moyennes, il faut un nouvel idéal mobilisateur.
Il n’est pas juste de considérer que la représentation de la société en classes sociales doit être éclipsée par la notion de société fragmentée : cela voudrait dire par exemple qu’il y a plus de différences entre les salariés qu’entre un salarié et son employeur. Nous n’aurions alors que des solutions individualistes, corporatistes. Cette vision ne peut être la doctrine des socialistes pour le 21ème siècle.
Dès lors que nous sommes persuadés que le parti socialiste a pour vocation de rassembler les couches populaires et moyennes, il faut nous donner les moyens de répondre à leurs demandes qui sont très fortes. Comment ?
Certes, nous sommes confrontés à l’aggravation du libéralisme mondialisé. Mais, face justement à la mondialisation financière, au capitalisme dur, nous ne pouvons pas nous contenter d’un socialisme de résignation et de renoncement. Cela voudrait dire que le libéralisme a gagné la bataille des idées et que le socialisme ne peut qu’en atténuer les effets. Parce que les rapports de force sont devenus tellement défavorables aux salariés, il faudrait revoir à la baisse nos ambitions, ou les afficher sans nous donner les véritables moyens de les réaliser ? Quelle différences y aurait-il alors entre le réformisme, si radical soit-il, ou le réformisme de Bayrou ou encore le réformisme dont se réclame le gouvernement ? Ne soyons pas dupes mes chers camarades, cela pose le problème de nos alliances … Et les voix du peuple de gauche ?
Agir à gauche, c’est au contraire opposer une démarche très volontariste. Nous voulons un réformisme de transformation car nous pensons que les rapports de force peuvent être infléchis par la volonté politique et la mobilisation sociale.
Combattre les délocalisations, redonner vie à notre tissu industriel, combattre le chômage, combattre cette mondialisation agressive et la droite dure, cela suppose que le PS soit offensif et que la gauche soit forte.
C’est en cela qu’il nous faut choisir notre ligne a partir d’un débat d’idées, en posant les vraies questions et en apportant les vraies réponses.
Pour rassembler la gauche il nous faut un PS offensif qui s’oppose frontalement aux mauvais coups de la droite qui ne datent pas que des cent derniers jours, mais qui ont commencé au lendemain du 21 avril 2002. A -t-on suffisamment entendu le PS s’opposer en dehors de la brillante période électorale du printemps 2004 ?
Il est urgent de redéfinir une ligne claire à gauche et de vouloir un ancrage populaire pour unir notre parti et rassembler la gauche. Cela veut dire aussi qu’il faudra lancer
notre projet, réconcilier le PS avec ses électeurs et définir des priorités, faire des propositions qui ne soient pas ambiguës. Ainsi pour relancer le pouvoir d’achat , la solution est-elle de proposer une augmentation de la TVA qui est l’impôt le plus injuste payé par les ménages et les salariés ?
Socialisme de transformation ou réformisme de résignation et de renoncement ; rassemblement de la gauche ou alliances au centre ? Les militants devront clairement trancher entre 2 lignes politiques.
Agir à gauche, c’est aussi proposer pour 2007 , pour l'emploi et le pouvoir d'achat :
La remise en cause des exonérations de charges s’il n’y a pas de contrepartie d’embauche ou d’augmentation de salaires
L’augmentation du SMIC et des bas salaires
Faire payer aux entreprises les frais de formation et de reclassement des salariés licenciés pour cause de délocalisation
Mise en place d’une surcotisation à l’assurance chômage imposée aux grands groupes qui abusent des CDD et de l’interim afin de financer la sécurité professionnelle
Le plafonnement de la hausse des loyers et la construction massive des logements sociaux
Un logement pour tous : 120 000 logements locatifs par an, revaloriser les aides personnelles, modérer l’augmentation des loyers, 20% de logements sociaux
Une meilleure prise en charge des soins mal remboursés : dentaires et ophtalmo
Remettre à plat le financement de la sécurité sociale en instaurant en particulier une cotisation sur la valeur ajoutée, se substituant progressivement aux actuelles cotisations patronales
Préserver notre système de retraite par répartition : en revenant sur les dispositions Fillon
Service public de l’environnement, contre les nuisances et pour l’accès aux ressources vitales, telles que l’eau
Arrêt de toute privatisation d’EDF GDF
Pour l’Ecole dire clairement que nous abrogerons les lois Fillon
Mesures dès la petite enfance, garde, crèches, maternelles
La laïcité, les moyens à l’école publique
Un grand plan universités et recherche
Et puis bien sûr une Europe sociale et démocratique dans le respect de nos grands principes et de nos textes
Ce ne sont pas des promesses en l’air, il faut une autre logique politique et c’est tout l’enjeu de notre Congrès
Il faut nous donner les moyens financiers de notre politique : croissance et innovation, niches fiscales revues et plafonnées, économie dans le fonctionnement de l’Etat ( des milliards d’euros ) ressources nouvelles mobilisées : réserves de la Banque de France
Services publics remis en état
Fiscalité revue, efficacité, finis les allégements fiscaux massifs et rétablissement de la progressivité de notre système fiscal
Au niveau européen : harmonisation de la fiscalité sur les entreprises et non alignement sur taux les plus bas
Financer nos priorités sans faire porter la charges sur les générations futures, ni détériorer l’état de nos finances publiques
Redonner sa place et son rôle à l’ETAT et à son fonctionnement : école, hôpital, police, justice
Etre clairs sur nos alliances : pacte de gouvernement avec nos partenaires naturels : PCF, Verts, Radicaux, ...
Agir à gauche pour rassembler la gauche :
Tirer les leçons de l’expérience et des scrutins perdus : nous avons besoin d’un vrai ancrage populaire. Nous devons assumer un clivage clair avec la droite. Il n’y aura de rassemblement avec la gauche qu’avec des mouvements et des options politiques de gauche. Plutôt que d’attaquer régulièrement nos partenaires de gauche, construisons avec eux un pacte pour le changement.
Aller au-delà du clivage oui non du 29 mai, mais le dépasser sur la base du vote de nos électeurs, car si le référendum est derrière nous, le message des électeurs est devant nous. Pour renouveler nos forces militantes, conquérir les jeunes, renouer durablement avec les couches populaires, il nous faut créer un véritable débat, poser les vraies questions, nous unir et rassembler la gauche.
Comme le disait François Mitterrand, « Sans un PS fort, rien n’est durable à gauche. Sans une gauche rassemblée, rien n’est possible pour les socialistes. »
Un ancrage populaire, un parti uni, une gauche rassemblée, tout devient alors possible avec les Socialistes.
